En représailles à l’assassinat du général Soleimani, l’Iran frappe des bases américaines en Irak

  • 2020-01-08 13:58:01
Des missiles ont été tirés contre au moins deux bases militaires abritant des soldats américains, à Aïn Al-Assad et Erbil. Téhéran affirme toutefois ne pas chercher « l’escalade ou la guerre ». Cinq jours après l’élimination du général Ghassem Soleimani, l’Iran a lancé, dans la nuit de mardi 7 à mercredi 8 janvier, la riposte contre les Etats-Unis en tirant des missiles contre deux bases abritant des soldats américains en Irak. « Vers 17 h 30 [heure de la côte est des Etats-Unis, 23 h 30 à Paris] le 7 janvier, l’Iran a tiré plus d’une douzaine de missiles balistiques contre les forces militaires américaines et de la coalition en Irak », a déclaré Jonathan Hoffman, porte-parole du ministère américain de la défense, dans un communiqué. « Il est clair que ces missiles ont été tirés depuis l’Iran », a-t-il précisé. « L’Irak a été bombardé par 22 missiles − 17 sur la base aérienne d’Aïn Al-Assad et cinq sur la ville d’Erbil − qui ont tous touché des installations de la coalition » internationale antidjihadiste emmenée par les Etats-Unis, a précisé mercredi matin le commandement militaire irakien, qui ajoute qu’il n’y a pas eu de victime parmi les forces irakiennes. Le bureau du premier ministre irakien démissionnaire, Adel Abdel-Mahdi, a précisé que l’Irak avait été informé par l’Iran que celui-ci allait mener des raids sur son sol. Le président du Parlement irakien a condamné « une violation iranienne de la souveraineté irakienne ». Représailles « proportionnées » pour l’Iran Après ces raids, revendiqués par Téhéran, les dirigeants américain et iranien ont semblé vouloir calmer le jeu rapidement. Dans un tweet au ton léger, le président américain, Donald Trump, a annoncé qu’il ferait une déclaration mercredi et laissé entendre que le bilan n’était pas très lourd. « L’évaluation des dégâts et des victimes est en cours. Jusqu’ici, tout va bien ! », a-t-il lancé. Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne, a affirmé que son pays avait mené et « terminé » dans la nuit des représailles « proportionnées ». « Nous ne cherchons pas l’escalade ou la guerre », a-t-il insisté. Les Etats-Unis ont peut-être « coupé le bras » du général Ghassem Soleimani, mais l’Iran ripostera en leur coupant « la jambe » au Moyen-Orient, a ensuite déclaré le président iranien, Hassan Rohani. « Nous les avons giflés [les Américains] au visage hier soir » avec une frappe de missile, « mais l’action militaire ne suffit pas », a aussi affirmé dans un discours à la nation le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. « La présence corrompue des Etats-Unis dans la région devrait prendre fin », a-t-il ajouté, en estimant qu’elle avait causé la guerre, la division et la destruction. Ces frappes, survenues en trois vagues, ont été menées avec « des dizaines de missiles », ont annoncé les gardiens de la révolution iraniens, l’armée idéologique de la République islamique cités par la télévision d’Etat iranienne. Téhéran a promis des « réponses encore plus dévastatrices » en cas de nouvelle attaque et menacé de frapper « Israël » et des « alliés des Etats-Unis ». « Nous conseillons au peuple américain de rappeler les troupes américaines [déployées dans la] région afin d’éviter de nouvelles pertes et de ne pas permettre que la vie de ses soldats soit davantage menacée par la haine toujours croissante du régime » américain, ajoute l’armée iranienne dans un communiqué. L’un des chefs du Hachd Al-Chaabi, milice irakienne pro-Iran, a menacé mercredi les Etats-Unis d’une « riposte » qui « ne sera pas moins importante que la réponse iranienne ». Des attaques jugées « dangereuses » par Paris, Londres et BerlinIsraël a mis en garde l’Iran en cas d’attaque contre l’Etat hébreu. « Quiconque nous attaque recevra une riposte retentissante », a déclaré le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, qui a qualifié Ghassem Soleimani de « terroriste en chef » et d’« architecte » de la « campagne de terreur » au Moyen-Orient. Il s’est dit solidaire des Etats-Unis, lors de cette déclaration dans une conférence à Jérusalem en présence de l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman. Boris Johnson, le premier ministre britannique, a condamné l’attaque « contre les bases militaires irakiennes accueillant les forces de la coalition » – incluant 400 militaires et un millier de civils – et appelé Téhéran à « une désescalade urgente ». L’Allemagne a aussi condamné « le plus fermement l’agression » et les tirs de missiles, a déclaré la ministre de la défense allemande, Annegret Kramp-Karrenbauer. « Il s’avère maintenant décisif que nous ne laissions pas cette spirale croître encore », a-t-elle souligné sur la chaîne de télévision publique ARD, précisant qu’il appartenait « avant tout aux Iraniens de ne pas provoquer de nouvelle escalade ».

متعلقات