Le silence de l’ONU face aux bombardements russes en Syrie

  • 2020-04-13 16:28:21
Une enquête des Nations unies sur les frappes contre les hôpitaux et les écoles dans la région d’Idlib n’incrimine pas directement Moscou. Une enquête des Nations unies sur des bombardements de sites humanitaires dans le nord de la Syrie, publiée lundi 6 avril, reconnaît que « le gouvernement syrien et/ou ses alliés » ont commis la plupart d’entre eux, mais s’abstient de nommer précisément la Russie. Créée le 1er août 2019 à la demande du secrétaire général, Antonio Guterres, la commission d’enquête interne a passé en revue six attaques parmi les centaines qui ont ciblé des écoles ou des hôpitaux depuis le 17 septembre 2018, date de la signature à Sotchi, par la Russie et la Turquie, de l’accord de stabilisation de la zone d’Idlib. Le résumé de son rapport conclut que cinq de ces six bombardements ont été commis par « le gouvernement syrien et/ou ses alliés ». Mais jamais la commission d’enquête n’établit de lien entre « les alliés du gouvernement syrien » et la Russie, alors que parmi les soutiens de Damas, Moscou est le seul à disposer de chasseurs-bombardiers opérant en Syrie. « Profondément décevant » En 2019, le New York Times avait aussi publié une enquête exhaustive, qui démontrait, enregistrements de pilotes russes à l’appui, la responsabilité de Moscou dans les raids aériens qui ont dévasté la province d’Idlib. Louis Charbonneau, de Human Rights Watch, pour qui ces attaques sont « de potentiels crimes de guerre », juge le refus d’incriminer la Russie « profondément décevant ». Selon l’ONG Physicians for Human Rights, qui s’intéresse au tribut payé par le secteur médical dans le conflit, sur 595 attaques perpétrées contre des établissements de santé entre 2011 et février 2020, 536 ont été conduites par le régime syrien et ses alliés. Richard Gowan, de l’International Crisis Group, analyse l’absence de référence à la Russie de deux façons. « Le secrétaire général et les Nations unies essaient de maintenir une relation de travail avec la Syrie et la Russie en ce qui concerne l’aide humanitaire », avance-t-il tout d’abord. Antonio Guterres n’a probablement pas envie de se brouiller avec Moscou, alors que la négociation sur les convois humanitaires transfrontaliers doit reprendre début juillet. En janvier, la Russie avait imposé que les chargements à destination de la Syrie ne transitent plus par le point de passage syro-irakien d’Al-Yarubiyah, conduisant à une diminution des livraisons d’aide dans le nord-est du pays.

متعلقات