Le rapport d'un médecin légiste sur la mort de la légende du football argentin Diego Maradona a semé l'incertitude lundi dans l'affaire de négligence criminelle intentée contre huit travailleurs médicaux impliqués dans son affaire, un mois avant leur procès pour homicide.

Un expert légiste a mené l’étude à la demande de l’un des principaux accusés, le neurochirurgien de Maradona, Leopoldo Luque, dans le but de contester l’examen médical de 2021 qui tenait Luque et d’autres médecins responsables de ce qu’il a décrit comme la mort autrement évitable de la star du football. Les accusés ont nié toute violation ou irrégularité dans le traitement de Maradona.

Maradona, célèbre pour avoir mené l'Argentine à la victoire lors de la Coupe du monde 1986 et à son retour en finale quatre ans plus tard, est décédé d'une crise cardiaque en 2020 alors qu'il se remettait d'une opération au cerveau.

Sa mort à l'âge de 60 ans a stupéfié et dévasté toute une génération de fans de football et a plongé toute l'Argentine dans le deuil. En quelques jours, le pays a été consumé par des questions sur ses dernières heures perplexes, une frénésie de suspicion qui s’est intensifiée lorsque les policiers ont perquisitionné les domiciles et les cabinets de ses médecins et que la famille de Maradona a fait pression sur le pouvoir judiciaire pour qu’il intervienne.

Les procureurs ont finalement inculpé les huit travailleurs médicaux d’homicide – une accusation grave qui laisse ouverte la possibilité d’une intention présumée et qui entraîne des peines de prison allant de huit à 25 ans. Le procès devrait débuter le 4 juin.

Le rapport du médecin légiste Pablo Ferrari, publié lundi, a conclu que le rythme cardiaque rapide et irrégulier de Maradona était soit d'origine naturelle, soit provenait d'un facteur « externe », peut-être d'une drogue comme la cocaïne dont Maradona avait abusé dans le passé. Ferrari a déclaré qu'il ne pouvait pas établir de rapport toxicologique basé sur l'échantillon d'urine insuffisant de Maradona.

Les conclusions contredisent celles d’un comité médical de 20 membres nommé pour enquêter sur la mort de Maradona.

Ce rapport de 2021 accusait l’équipe médicale de Maradona d’avoir agi de « manière inappropriée, déficiente et imprudente », laissant le footballeur à l’agonie et sans aide pendant plus de 12 heures avant sa mort.

Le rapport de Ferrari contestait la gravité de cet épisode, affirmant que l’arythmie ne pouvait pas avoir déclenché une agonie pendant plus de « quelques minutes ou tout au plus quelques heures ».

"Cela marque un tournant radical dans l'affaire", a déclaré aux médias locaux Vadim Mischanchuk, l'avocat de la défense représentant la psychiatre de Maradona, Agustina Cosachov. "Le récit passe d'un événement cardiaque qui dure plusieurs jours à un événement qui dure quelques minutes."

Le bureau du procureur a critiqué le rapport de l’expert, le qualifiant d’hâtivement concocté en 72 heures, et a accusé Ferrari d’avoir négligé quatre années de preuves au profit « d’une tranche minimale de preuves offertes par la défense ».

"Il n'y a aucun rebondissement dans cette affaire", ont déclaré les procureurs.